samedi 20 avril 2024
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Rassemblement devant l’ambassade d’Iran à la mémoire de Mahsa Amini

Par Collectif Laïcité Yallah (*)

La brutalité de la République islamique d’Iran vient d’emporter une jeune femme de 22 ans à Téhéran. En visite dans la capitale, Mahsa Amini, a été arrêtée en pleine rue par la redoutable police des mœurs qui lui reprochait de « mal » porter son voile. L’annonce de son décès a provoqué une onde de choc dans le pays qui a donné lieu à des marches de protestation contre le régime d’abord dans sa ville natale, Saghez, là, où elle a été inhumée, samedi dernier. Sur les réseaux sociaux, des vidéos circulent montrant des femmes couper leurs cheveux et brûler leurs voiles, soutenues par des hommes qui protestent à leurs côtés. « Mort à la République islamique ! », scandent des manifestants en colère dans les principales villes du pays : Téhéran, Mashhad (nord-est), Tabriz (nord-ouest), Rasht (nord), Ispahan (centre) et Kish (sud). Le Collectif Laïcité Yallah soutient ce large mouvement de mobilisation et appelle à un large rassemblement à la mémoire de Mahsa Amini, le samedi 24 septembre à 13h30, devant l’ambassade d’Iran à Bruxelles (Av. Franklin Roosevelt 15, 1050 Ixelles).

Imposé dès la première année de l’école primaire (six ans), le voile est devenu une affaire d’Etat peu après la proclamation de la République islamique d’Iran, en 1979. Les milices de la moralité sont chargées entre autres de pourchasser les fillettes, les jeunes filles ainsi que les femmes accusées du délit du vernis à ongle, par exemple, du fond de teint ou celui de la mèche rebelle. Les femmes « mal voilées » peuvent recevoir jusqu’à 74 coups de fouet et une peine d’emprisonnement de plusieurs années. Depuis 43 ans, les femmes sont les premières victimes de la théocratie des mollahs qui impose par la force et la terreur le port du voile en toute circonstance et martèle que la « bonne » iranienne est celle qui se voile alors que la « dévoilée » est une « occidentalisée » c’est-à-dire une putain, « une traitre à sa nation ». 

Depuis, 43 ans, beaucoup d’Iraniennes résistent courageusement au péril de leur vie et dégagent leur cou du voile qu’elles sont nombreuses à renvoyer de plus en plus en arrière, laissant apparaître quelques mèches de cheveux. Pour ces rebelles, pas question de vivre par procuration ! 

Aujourd’hui, leur résistance héroïque interpelle nos consciences. Où sont-ils tous ces mouvements citoyens qui en appelaient à rendre hommage à George Floyd, cet Américain de 46 ans, mort le 25 mai 2020 à la suite de son arrestation par des policiers dans l’État du Minnesota ?  Que vaut la vie d’une jeune femme iranienne de 22 ans ? Le silence assourdissant de certains courants de pensée confirme, encore une fois, l’ampleur de la fracture qui les séparent de celles et ceux qui risquent leur vie pour vivre libre. La mort de Mahsa Amini vient confirmer l’évidence même : le voile islamique ne peut être envisagé sous l’angle du simple « choix » individuel.  Temps et aussi longtemps que des femmes meurent pour une mèche rebelle, le voile islamique restera un instrument d’oppression, de domination et de contrôle. 

(*) Les signataires : Malika Akhdim, militante associative ; Djemila Benhabib, politologue et écrivaine ; Kaoukab Omani, éducatrice ; Sam Touzani, artiste-citoyen.  

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